Les grands harpistes classiques

Catherine MICHEL nous parle de sa collection : Les grands harpistes classiques

1 – Quel est votre parcours madame Catherine Michel en tant que musicienne ?

Très jeune, j’ai commencé à lire les pièces pour harpe ou pour piano que ma maman collectionnait. A l’époque nous n’avions ni télévision, ni ordinateur et nos soirées étaient consacrées à la lecture. Je me suis ensuite intéressée aux ouvrages écrits au 18ème siècle et à la musique de salon jouée sous le règne de Napoléon Bonaparte.

J’ai enregistré à ce jour trois CD avec différents instruments : la flûte, le pianoforte et le violon.

J’ai toujours trouvé triste de laisser des partitions dormir sur une étagère au lieu d’être jouées. Je ne vois pas cela comme un travail pour moi, c’est une véritable passion de découvrir le répertoire des grands compositeurs harpistes des siècles passés.

 

2 – Quelles sont vos inspirations et influences musicales ?

Mes influences musicales sont liées aux postes que j’ai occupés tout au long de ma carrière.

Lorsque je suis arrivée en Irlande, après mes études au Conservatoire de Paris, j’ai été engagée dans un orchestre qui s’appelait le « Radio Eireann Light Orchestra » (actuellement le « RTÉ Concert Orchestra »). J’y ai découvert les mélodies des îles Anglo-saxonnes mais également les grands succès américains.

Je ne me doutais pas revenir à la musique de comédies musicales après tant d’années. Lorsque j’étais à l’orchestre National de Radio France, j’ai eu la chance de travailler avec les meilleurs chefs d’orchestre du 20ème siècle. Parmi eux, lors d’une pause d’orchestre, l’incomparable Léonard Bernstein m’avait conseillé de jouer de la musique « accessible ». Peut-être est-ce la raison de mon retour aux comédies musicales ?

J’ai enregistré plusieurs fois les concertos de Wolfgang Amadeus Mozart, François-Adrien Boieldieu, Maciej Malecki et François-Joseph Gossec ; mais également les grands concertos de Joaquin Rodrigo, Heitor Villa-Lobos, Mario Castelnuovo-Tedesco, Reinhold Gliere, Camille Saint-Saens, Gabriel Pierné, Carl Reinecke, dont l’accompagnement est à mon goût trop chargé, et me réjouis de voir que les concertos de Camille Saint-Saens, Gabriel Pierné, Henriette Renié, François-Adrien Boieldieu et Karl Ditters von Dittersdorf bénéficient depuis peu d’un accompagnement plus léger.

Inutile de parler du concerto de Georg Friedrich Haendel, ni des Danses de Claude Debussy qui restent à ce jour les plus joués. Les concertinos de Jean-Michel Damase et de Reynaldo Hahn sont également appréciés du public, par l’accompagnement de cordes uniquement. J’ai entrepris un gros travail sur les concertos anciens qui méritent d’être découverts par la jeune génération et plus souvent joués dans les châteaux ou salles de concert des demeures prestigieuses.

Il m’est difficile de vous parler d’un parcours. Je suis sur une barque qui se dirige là où mon destin la guide !

3 - Pouvez-vous nous présenter votre collection ?

Cette collection est pour moi une véritable chance de faire découvrir aux étudiants et aux jeunes professeurs un nombre important d’ouvrages oubliés.

Les grands harpistes, compositeurs et pédagogues des siècles passés ont souvent écrit pour leurs élèves. Ils ont malheureusement été souvent ignorés par leurs successeurs.

Au fil des siècles on connaît peu d’ouvrages classiques originaux pour Harpe. Les transcriptions ont pris une place importante dans nos programmes. J’apprécie leurs qualités musicales mais je regrette que la technique instrumentale de base de la harpe ne soit pas enseignée comme il le faudrait. Le 19ème siècle a vu naître des virtuoses incomparables comme Elias Parish Alvars qui a révolutionné l’écriture pour notre instrument et qui a permis son intégration dans l’orchestre. D’autres comme Edmund Schuecker, Alfred Holy, Hans Trnecek ont également fait évoluer la technique de l’instrument. C’est la raison pour laquelle je veux faire connaître ce qui est écrit pour nous par des spécialistes. Les niveaux de ces pièces sont multiples.

 

4 – Comment choisissez-vous les œuvres ?

J’ai toujours aimé lire et déchiffrer, je choisis avant tout des morceaux agréables pour l’étudiant, pour les parents et pour les professeurs. Je reconnais qu’il faut du temps pour choisir ce qui sera utile et formateur pour les jeunes. Il nous faut diversifier les styles et les niveaux, c’est un long travail.

Les harpistes ont à leur portée un choix considérable d’ouvrages mais nous n’avons malheureusement pas encore suffisamment de répertoire romantique pour les petits niveaux. Je souhaite que cette collection soit utile au développement de la qualité du son et de la virtuosité ; j’aimerais également pouvoir faire découvrir le style des morceaux suivant les différentes périodes classiques ou romantiques. Tout ceci se fait par un long travail de préparation.

 

5 – Que souhaitez-vous transmettre au travers de cette collection ?

Je souhaite transmettre les valeurs de mon maître Pierre Jamet. Je vois que l’École Française de Harpe a besoin de fraîcheur dans son répertoire. Il a vécu à une période magnifique où les auteurs qui écrivaient pour nous s’appelaient Claude Debussy, Maurice Ravel, Jean Cras, André Caplet... Ce grand pédagogue a été élevé au biberon « Parish Alvars » par son maître Alphonse Hasselmans.

Cet apprentissage lui a permis de nous enseigner à chaque leçon que la technique doit être au service de la musique. Cette technique ou cette virtuosité ne s’apprend pas par hasard. C’est par la connaissance des pièces romantiques et classiques que notre virtuosité se développera au cours de nos années d’apprentissage. Voilà ce que je veux transmettre !

Les programmes des concours tournent en rond et je souhaite y apporter un peu d’air frais. La plupart des œuvres proposées vont être enregistrées, ce qui permettra à chacun de choisir ce qui lui plait.